Liberté et Démocratie

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Article publié le 23 décembre 2013 sur le site des Jeunes Libéraux Radicaux Genève

«Initiative Populaire pour l’abolition de l’avortement» ou «le coup de fronde contre les acquis des femmes depuis 50 ans»!

Le 9 février prochain, les Suissesses et les Suisses sont appelés aux urnes pour répondre à la question: «acceptez-vous l’initiative populaire «l’avortement est une affaire privée?» 

Lors de leur assemblée générale, les Jeunes Libéraux-Radicaux de Genève (JLRGe) ont pris position à l’unanimité contre cette initiative à la fois choquante et liberticide. Le texte soumis à votation va à l’encontre des progrès réalisés en matière de droits des femmes depuis cinquante ans. En effet, si le comité d’initiative se cache derrière de fausses économies et une soi-disant liberté de choix, il s’agit bel et bien d’une tentative d’abolir l’avortement en Suisse. 

 

Ce que demande l’initiative: 

Que l’avortement et la réduction embryonnaire soient sortis du bouquet de la LAMal. 

 

Ce que prétendent les initiants: 

 

L’initiative amènera des économies. 

Faux! S’il est vrai que les avortements coûtent quelques huit millions de francs par année, il s’agit au total d’un marché de 26 milliards. A ce titre, l’économie réalisée serait totalement négligeable. De plus, ce qui sera économisé, sera perdu en prestations sociales qui se chiffreront en milliards! En effet, une adolescente de 16 à 18 ans qui se retrouverait enceinte et qui serait dans l’impossibilité de stopper sa grossesse serait contrainte de stopper sa formation pour élever son enfant. La majorité des jeunes femmes à qui cela arrivera se retrouveront seules car il n’existe aucune mesure coercitive pour forcer le père à s’occuper de ses enfants (nous ne parlons pas ici de soutien financier, mais bien de participer à l’éducation de l’enfant). Dans le meilleur des cas, la jeune fille bénéficiera de l’aide de ses parents, et dans le pire, elle se retrouvera au bénéfice de l’aide sociale pour un minimum de 5 ans et probablement plus si elle est non formée. Les coûts générés dépasseront donc largement les 6000 à 8000 francs de l’avortement.

 

Le libre choix de ne pas financer les avortements. 

Fort heureusement, lorsque nous payons nos primes d’assurance maladie, nous ne finançons pas tel ou tel traitement, nous finançons tout le système de santé de notre pays. Si nous rentrons dans la logique inverse, pourquoi  devrait-on financer les traitements contre le sida (maladie évitable) ou autre MST, voire éventuellement le cancer du fumeur…? Dans cette optique, toute maladie provoquée par les excès des individus ne pourrait plus être financée. Notre système ne fonctionne pas comme cela et nous n’avons pas à dire, en tant qu’assuré, ce que nous souhaitons financer ou non. Le devoir du médecin et le but du système de santé sont de garantir la santé des citoyens. Malheureusement, cela passe aussi par l’interruption de grossesse. 

 

L’avortement constitue également des coûts indirects très élevés car il s’agit d’une épreuve qui engendre des séquelles psychologiques nécessitant des traitements longs et chers. 

Il faut dire que nous touchons-là le ridicule absolu. Il est évident qu’un avortement est une épreuve. Mais que dire des femmes forcées d’élever un enfant que l’on n’a pas voulu? Ni la mère et ni l’enfant n’en sortiront grandis.

Est-il possible de croire que, par exemple, un accouchement sous X ou un dépôt dans une boite à bébé serait moins traumatisant qu’un avortement? Quoi qu’il arrive, ces coûts ne changeront pas! 

 

Les femmes désireuses d’avorter pourront conclure une complémentaire de l’ordre de 2 à 3 francs par mois

Ceci est un odieux mensonge. Prenons l’exemple d’une complémentaire dentaire qui couvrirait 3000 francs de frais par an, c’est déjà entre 30 et 40 francs par mois. De plus, un avortement ne se prévoit pas. Il est pratiqué dans l’urgence à la suite d’un incident. Aucune femme au moment de conclure son assurance maladie ne se dit : « Je pense que j’aurais peut-être des problèmes de dents, je prends une complémentaire dentaire, j’ai envie, en cas de problème, de choisir mon médecin, je prends une assurance privée et je projette un ou deux avortement donc autant prendre une assurance…» Non, on ne pense pas à cela avant d’y être confronté. De plus, les assurances ont toujours ce qui s’appelle les délais de carences, c’est-à-dire des délais durant lesquels on ne peut bénéficier des prestations. Or, ces délais sont de l’ordre de 6 à 12 mois. De plus, on ne peut s’assurer contre un risque que si l’on n’en connait pas l’imminence. Il ne sera donc pas possible de se servir d’une telle assurance étant donné que l’avortement est autorisé pendant les 12 premières semaines de grossesse. De plus, en cas de défaut de paiement, la couverture sera coupée. Les personnes les moins fortunées ne pourront donc pas avorter et les femmes fortunées pourront le faire à tour de bras. C’est donc totalement inacceptable!

 

L’avortement est un préservatif gratuit. 

Les initiants prétendent en premier que les avortements provoquent de graves séquelles psychologiques et en même temps que cela se fait comme une lettre à la poste… La réalité est que l’on ne peut pas nier qu’il existe certainement des personnes qui prennent cela à la légère… Mais il ne s’agit que d’une infime minorité de femmes. L’écrasante majorité d’entre elles le fait car elles ne peuvent faire autrement. Il s’agit là d’une infamie que de prétendre que les femmes qui recourent à l’avortement sont des irresponsables car bien souvent c’est exactement le contraire. 

 

L’avortement est surtout le fait de femmes étrangères

Les JLR genevois ne parleront même pas de l’argument odieux des initiants prétendant que l’avortement est surtout le fait des femmes étrangères tant cet argument ne prend pas en compte les différences sociales et qu’une fois de plus, il fait appel à des sentiments nauséabonds que les JLR rejettent avec force! 

 

Ce que l’initiative ne dit pas: 

Si cette initiative passe, c’est la fin de la procréation médicalement assistée (PMA), puisque l’initiative interdit également la réduction embryonnaire. Cela signifie qu’en cas de PMA, on ne pourra plus garder qu’un nombre raisonnable d’embryons, mais obligatoirement la totalité (cela peut aller jusqu’à six embryons). Quel médecin sensé prendra le risque de provoquer une grossesse de sextuplés?

Les femmes victimes de viol devront garder des enfants qui sont le fruit de violence. 

Des adolescentes issues de familles peu aisées verront leur vie détruite, faute de possibilité de continuer leur formation. 

Il est peu probable de voir revenir les faiseuses d’anges, mais par contre les dénis de grossesse et autres infanticides sont un risque imprévisible.

Et, par-dessus tout, des enfants non désirés grandiront dans des familles qui ne veulent pas d’eux. Il s’agira d’une génération sacrifiée sur l’autel du conservatisme. 

 

Pour toutes ces raisons et parce qu’au XXIe siècle, les femmes doivent disposer de leur corps comme elles l’entendent, les JLR s’insurgent contre cette initiative et vous invitent à la refuser et à la faire refuser autour de vous!

 

                                                               Aristos Marcou



23/12/2013
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