Liberté et Démocratie

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Remy Pagani, apôtre de l’immobilisme genevois!

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Lors des dernières élections cantonales, après plus de 20 ans de politiques désastreuses en matière de mobilité, le souverain a clairement exprimé son ras-le-bol. Il a littéralement mis à la porte la magistrate en charge du dicastère en lui infligeant une des plus grosses défaites électorales jamais subies par un Conseiller d’État sortant. 

 

Le message était limpide. Les genevois en ont assez de la guerre des transports et veulent un apaisement. Mais il est clair aussi qu’ils ne veulent pas du tout vélo, tout TPG et tout à pied comme le prônait la magistrate. Sans quoi, elle n’aurait pas essuyé tel camouflet. 

 

Depuis cette élection, un certain nombre d’élus des deux bords semblent avoir compris le message. Il suffit de voir le contre-projet à l’initiative 154 pour s’en convaincre. Pour la première fois, un large consensus est sorti du Parlement et il semble que nous aillons enfin un peu d’espoir. 

 

Dans le même temps, Luc Barthassat a repris les transports et essaye de tenir une politique pragmatique qui prend en compte tous les usagers de la route. Et cela, du piéton à la voiture en passant par le vélo et les deux roues motorisés (2RM). 

 

Parlons des 2RM particulièrement. Depuis au moins 30 ans, cette catégorie d’usagers a été complètement oubliée de tous les plans de mobilité de l’Etat. Les actions contre les parcages sauvages n’ont cessé de se durcir sans pour autant voir le nombre de places disponibles augmenter. Les mesures de sécurité des infrastructures routières ont été prises sans prendre en compte les 2RM et pire, certaines normes de LCR qui, si elles étaient pertinentes au moment de les écrire, sont aujourd’hui dangereuses pour les 2RM et n’ont jamais été revues. 

 

Quand on interroge les opposants au transport individuel sur la raison de cet immobilisme, ils répondent que les 2RM polluent, qu’ils font du bruit et sont de vrais dangers publics. Pourtant, si l’on sort un peu de notre microcosme helvétique, on constate assez vite que de nombreux voisins ont déjà fait le pas du 2RM. Le Royaume-Uni, par exemple leur offre, la gratuité dans les zones à péage urbain. L’Union européenne a même sorti un rapport qui dit que les 2RM ne sont pas un problème, mais bien une solution pour contrer l’engorgement routier. 

 

Le magistrat en charge des transports a bien compris cela et pour la première fois depuis longtemps, intègre les 2RM dans ses actions. De nombreuses places ont été créées et, sur l’exemple de Londres (qu’on ne peut pas vraiment qualité d’une ville provoiture), le Conseiller d’Etat propose d’ouvrir les voies de bus au 2RM. L’idée est de faire un essai pendant un an dans le but de voir si cela se passe bien et de décider ensuite si la mesure devient permanente. Cela permettra d’avoir une vision claire loin des spéculations de tous bords.

 

Oui, mais voilà… Il y a Remy Pagani… Celui qui ne voulait pas de la passerelle Wilsdorf… Celui qui ne veut pas de la caserne de Mategnin, car, je cite: « L’armée n’est bonne qu’à tirer dans la foule comme en 1932 ». Monsieur Pagani refuse de marquer les voies de bus du pictogramme 2RM, car soi-disant, il ne sait pas s’il en a le droit. La Confédération a confirmé que tout était en ordre, mais ce Monsieur veut un avis de droit. Il avoue même que c’est un prétexte… Que les gens se déplacent de plus en plus à pied et en vélo et que cette mesure est à contre-courant. Selon lui comme selon l’ancienne magistrate en charge de la mobilité, les genevois ne veulent plus de voiture. Il n’a visiblement tiré aucune leçon des dernières élections. 

A l’heure où même Lisa Mazzone et Eric Stauffer ont fait l’effort de parler pour régler la guerre des transports, Monsieur Pagani jette de l’huile sur le feu. En faisant cela, il adopte une attitude digne des plus belles genfereis et gageons que grâce à lui, on va encore rire de nous jusqu’à Vaduz!

 

Ne soyons pas dupes. Il est évident qu’il y a de plus en plus de piétons et de cyclistes à Genève. Sur ce point, Monsieur Pagani a raison. Pourtant il ne s’agit que d’une demi-vérité. La réalité, c’est qu’il y a de plus en plus de piétons et de vélos, mais également de plus en plus de voitures, de 2RM et d’usagers des TPG! En clair, il y a de plus en plus de monde sur le réseau! Qu’on le veuille ou non, sauf crise majeure, la tendance ne s’inversera pas de si tôt! Le seul moyen de régler les problèmes de trafic est de faire vivre ensemble tous les usagers sans aucune exception. Pas, de pointer du doigt tel ou tel groupe d’usagers à des fins électoralistes. Pourtant, c’est exactement ce que fait Pagani. Ce Monsieur ferait bien de se rappeler qu’il y a 50’000 2RM dans ce canton… Il n’est pas admissible de la part d’un Conseiller administratif d’avoir un comportement digne d’une cour d’école dans le seul but de soigner son électorat!

 

Egalement disponible sur  mon blog de la Tribune de Genève



28/04/2016
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