Liberté et Démocratie

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Le droit de vote à 16 ans, la fausse bonne idée

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L’accès à la jouissance des droits civiques le plus tôt possible est une idée généralement bien accueillie par la population. A froid, chacun est en droit de penser que l’intégration des adolescents dans le processus démocratique est une bonne chose.

 

Pourtant, voter n’est en aucun cas un acte dénué de sens. Chaque voix compte et les votations de ce week-end l’ont bien démontré.

 

Il se trouve qu’en Suisse, la majorité est fixée à 18 ans. Cette majorité implique que la société civile estime que c’est à cet âge que l’on acquiert la capacité de prendre ses responsabilités. Avant cet âge, l’on dispose de son corps, on peut procéder à nombre d’actions comme conduire des véhicules de petite cylindrée ou acheter des marchandises; au contraire, par exemple, l’on n’est pas en droit de boire de l’alcool fort ni de conduire une voiture, on ne paye pas d'impôts, et on ne peut pas non plus se marier. De plus, durant la minorité, la responsabilité pénale est fortement diminuée. Les conséquences des actes d’un individu mineur sont bien moins lourdes celles des agissements d’un adulte.

 

Cela veut dire qu’un «enfant» n’est, selon la société civile, pas capable d’assumer les mêmes responsabilités qu’un adulte. Il est indéniable que certains jeunes présentent un degré de maturité supérieur à celui d’autres. Je suis, par exemple, entré dans un parti politique à l’âge de 16 ans et je sais que beaucoup sont dans le même cas. Le fait est que la loi doit fixer une limite identique pour tous. L’âge de 18 ans est celui auquel on va chercher son permis de conduire, on se trouve invité aux promotions civiques, on reçoit sa convocation au recrutement militaire, dans le cas des hommes et surtout, on reçoit sa première déclaration d'impôts.

 

Avant cet âge, il faut une autorisation pour sortir du pays, pour procéder à un gros achat ou pour signer la plupart des contrats. Comment, si l’on ne peut pas choisir sa caisse maladie ou son opérateur téléphonique, pourrait-on décider de ce qui est bon pour l’avenir de son pays ? Il faut faire preuve de cohérence : si la majorité est fixée à 18 ans, l’accession au droit de vote doit se faire au même âge.

 

Par contre, il est certain qu’avant le passage à la majorité déjà, il est indispensable d'intéresser les jeunes à la chose publique. Il est certain que les cours d’éducation civique sont une bonne chose pour autant qu’ils soient factuels et neutres et ne soient pas détournés en une tribune de propagande de quelque courant de pensée que ce soit. Il faut également encourager les parlements de jeunes et autres associations, politisées ou non. Il faut donner aux jeunes les outils pour être non seulement entendus, mais également écoutés par les décideurs qui, finalement, écrivent leur avenir. Il faut leur montrer que leurs avis et leurs inquiétudes, ainsi que leurs espoirs, comptent. Ceci est, je pense, une bonne base de travail.

 

Les jeunes doivent donc être impliqués dans la vie publique dès 16 ans, et même bien plus tôt ; cependant l’obtention du droit de vote doit se faire à 18 ans, pas avant.

 

Aristos Marcou

 

 

 



11/02/2014
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