Liberté et Démocratie

Liberté et Démocratie

Notre belle démocratie

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Il est de bon ton, depuis quelque temps, de remettre en question le système suisse de démocratie direct. Il semblerait que dans certains milieux, on se demande s’il est normal de demander systématiquement l’avis du peuple dans tous les domaines. Le peuple a-t-il la sagesse nécessaire pour comprendre les enjeux supérieurs des sujets sur lesquels il est appelé à se prononcer?

 

La nature de l’homme veut que lorsque l’on revendique une certaine culture et un certain savoir, on a vite tendance à penser que ceux qui ne sont pas d’accord avec nous le sont uniquement parce qu’ils n’ont pas la capacité de comprendre notre point de vue. Pour simplifier, ils sont ignorants, on est savant, ils ont tort, on a raison. Certains disent «mettez un philosophe et trois attardés dans une pièce, les attardés auront raison. C’est ça la démocratie». Oui mais si le philosophe est Bernard-Henri Lévy, il y aura de fortes chances que la simplicité des attardés soit effectivement la bonne solution.

 

La démocratie directe suisse n’est certainement pas la panacée absolue des systèmes politiques. Je crois malgré tout qu’il est le meilleur que nous ayons vu dans l’histoire moderne de l’humanité. Il a cette force incroyable d’obliger envers et contre tout les responsables politiques à prendre en compte leur base dans leurs décisions. Ils savent en effet que si le souverain, à savoir le peuple, ne les suit pas, ils seront désavoués et devront alors revoir leur copie. Grâce à ce système, le pays connait une stabilité politique sans pareil. Si l’on fait la comparaison avec la France, la principale inquiétude des milieux économiques français est de connaître ce qui va se passer au prochain changement de gouvernement. En Suisse, nous pouvons connaître ce genre de situation mais de manière bien plus rare. Les affaires se font donc avec bien plus de sérénité.

 

Malgré cet état de fait, ici et là, des voix s'élèvent pour demander de réformer le système et d’accorder plus de pouvoir au parlement et moins au peuple. Elles proposent d’adopter un système plus proche de celui de nos voisins européens.

 

Lorsque j’étudiais la politique internationale, nous apprenions que l’une des grandes vertus de la démocratie est qu’aucun pays démocratique n’a jamais connu de famine. C’était il y a 14 ans... Aujourd’hui, cette réalité n’est plus. La Grèce connait désormais des citoyens qui souffrent de famine. La Grèce, berceau de la démocratie et de la civilisation moderne en est réduite à avoir des citoyens qui ne peuvent pas se nourrir. C‘est l’une des conséquences de la politique d'austérité imposée par l’Union européenne. Une politique qui, rappelons-le, ne vise qu’a sauver les créanciers obligataires de la Grèce et ce au mépris le plus total de la population. L’homme de droite que je suis est certes un adepte d’une certaine rigueur budgétaire synonyme de bonne santé de la nation mais pas à n’importe quel prix. Je ne peux tolérer qu’un Etat cherche à protéger des investisseurs et des banques au mépris de sa propre population. C’est pourtant ce que les grecs subissent aujourd’hui. Ils n’ont pas leur mot à dire. Leurs grèves et autres manifestations n’y changeront rien. Des gens de culture et de savoir savent ce qui est bien pour eux. Ils savent que laisser des gens mourir de faim est la bonne chose à faire dans l’intérêt de la nation. Avec un système de démocratie directe, je suis prêt à parier que jamais, ni le gouvernement grec ni Bruxelles n’auraient pu imposer cela à ces gens, car il ne s’agit pas de chiffres ou de statistiques, il s’agit de personnes comme vous et moi.

 

Notre système nous protège donc de ce genre d’abus. Il est important de s’en rappeler. Il demande bien plus d’investissement que tout autre. Faire passer un projet nécessite non pas seulement de convaincre des collègues parlementaires mais bien plusieurs centaine de milliers voire millions de personnes. Et le pire, c’est qu’avant de les convaincre, il faut les y intéresser! Ce qui, si on en juge par les taux de participation dans notre pays autour de 50%, n’est vraiment pas gagné.

 

Mon avis est donc que ce n’est pas le système qu’il faut changer, c’est la façon de l’approcher.

 

Lorsque j’étais enfant, je mangeais régulièrement aux restaurants scolaires de mon école. Lors d’un repas, nous avions reçu Marco Föllmi, alors conseiller administratif à Lancy. Je n’avais que 6 ou 7 ans, mais voir quelqu’un qui pour moi était sûrement important vu qu’on le voyait à la télé, prendre le temps de manger avec nous, fait sans aucun doute partie intégrante de la construction de mon engagement politique.

 

Je ne peux donc qu’engager toute personne qui s’implique en politique à aller à la rencontre des gens. C’est éprouvant, parfois on se fait insulter, mais bien souvent, le simple fait de montrer à la population qu’on s'intéresse vraiment à elle l’amène aux urnes. Si elle vous connait, elle prendra le temps de vous écouter, de vous lire et de vous comprendre. Elle ne sera pas toujours d’accord avec vous, mais quand elle ne le sera pas, vous saurez pourquoi. Je pense que si lors de la campagne du 9 février, nous avions été plus présents dans la rue (par nous j’entends évidemment les partisans du non) nous aurions certainement convaincu ces 20’000 personnes. Nous aurions vu ce qui se passe au Tessin. Nous aurions pu dire aux habitants des régions rurales pourquoi nous pensions que ce texte était mauvais. Nous aurions peut-être même gagné.

 

Je l’ai déjà dit et je le répète, concernant le 9 février, rien ne sert de pleurer, rien de sert de vouloir changer le système. C’est nous qui devons changer. Tirer les leçons de cet échec et avancer. Mais surtout, nous devons nous reconnecter avec la population, l'écouter et la comprendre car il n’y a que comme cela qu’elle nous comprendra.

 

Aristos Marcou

 

Egalement disponible sur mon blog TDG



04/03/2014
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